Évasion
Charles Thompson était déçu par le système judiciaire qui ne lui avait jamais offert la possibilité de présenter sa version des faits devant le tribunal, et son instinct de survie a pris le dessus. Il avait perdu toute confiance dans le système juridique.
Le 3 novembre 2005, Charles a quitté la prison du comté de Harris à Houston, au Texas, où il était incarcéré pour son nouveau procès. Charles n’a utilisé aucune violence lors de son évasion, mais a simplement si bien parlé qu’il est sorti de prison !
Quelques heures plus tard, une chasse à l'homme a commencé dans tout l'état. Les médias dépeignaient Charles Thompson comme un tueur très dangereux. Mais il ne voulait qu'une seule chose: vivre !
Sa liberté a duré seulement quatre jours. Charles a été arrêté alors qu'il était au téléphone avec une amie. Elle l’avait trahi et gardé au téléphone jusqu'à ce que la police arrive. Charles n'a pas résisté lors de son arrestation. Au cours de ses quatre jours de liberté, il n'a fait de mal à personne.
De retour dans le couloir de la mort à Livingston, Charles sait aujourd'hui que fuir n'était pas une bonne solution. Mais alors qu’il était encore sous le choc de la reconduction de la condamnation à mort, s'évader lui semblait être le seul moyen de survivre.

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Voici le récit fait par Charles de son évasion, avec ses propres mots !
(écrit en 2005)
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Salutations à tous du couloir de la mort, au Texas,
Après une évasion très courte de trois jours et demi, j'ai été rapidement reconduit dans le couloir de la mort. Aussi nul que cela puisse paraître - être au niveau 3 avec rien – c’est un voyage d'agrément par rapport au traitement que j'ai subi, une fois de retour en prison. Je vais vous épargner les détails; mais je n'arrêtais pas de sourire, peu importe de quoi j'étais privé, si j’avais froid, faim et sommeil. Pas de papier de toilette, de vêtements, d’eau ni de vraie nourriture. Mais je plaisante encore. Je ne suis pas heureux d'être de retour dans le couloir de la mort, mais au moins je suis vivant.
Il suffit de dire que plusieurs personnes sont furieuses contre moi et que beaucoup de flics vont perdre leur emploi – Moi, cela ne m’empêchera pas de dormir, je peux vous l’assurer ! Pourquoi me suis-je évadé ? Beaucoup de raisons - pour échapper au système, pour partir en vacances – que ce soit 3 jours, 3 ans, ou 30 ans - cela en valait la peine.
Le moment décisif a été pour moi, pendant le procès, celui où le district attorney a fondamentalement enfreint la loi - violé mes droits et dit à mon nouveau jury que j'étais dans le couloir de la mort et que j’étais soutenu par un site internet contre la peine de mort qui cherchait de l'argent - en outre, le sommet a été atteint lorsque le juge a arrêté mon papa, âgé de 60 ans, pour être arrivé 30 minutes en retard au tribunal! Mon père marche avec une canne et boite sérieusement suite à un accident –il était en retard, devant atteindre le centre-ville puis monter jusqu’au 30e étage. Le public n'a jamais entendu une chose pareille. C'est un scandale et un acte judiciaire sans conscience ! Mon père avait un fils qui risquait sa vie dans ce procès - il n’avait pas choisi d’être en retard- ça c'est sûr ! Pourtant, ils l'ont arrêté, c'est la justice du Texas dans toute sa splendeur! En retard pour la 2e journée de témoignage et arrêté ! Non, je crois que je révèle à quel point notre système est « juste ».
C'est le système du comté de Harris qui a l’air ridicule- alors que l'un des nombreux prisonniers sans visage, sans nom du couloir de la mort, que la capitale de la peine de mort du monde libre persécute et force, a riposté, sans violence… mais avec un peu de perspicacité et de ruse a touché au cœur des systèmes de justice pénale - base légale pour condamner un homme à mort - est-il une menace permanente pour la société ? Nous reviendrons sur ce pronostic de menace plus tard…
Pour ceux d'entre vous qui me connaissent, la représentation grossière et partiale de mes erreurs, péchés et pires moments de vie (ces meurtres) et la façon dont les médias me dépeignent, prouvent uniquement à ceux qui connaissent directement l'homme que je suis aujourd'hui quel jeune immature, désorienté, drogué, alcoolique j'étais en 1998, au moment des événements.
Les gens qui me connaissent (y compris les gardiens dans le couloir de la mort) disent tous que les médias étaient tendancieux. C'est la norme dans les médias. Oui je me suis enfui du couloir de la mort. Nos médias sont pour la mort - après tout, la télévision dicte sa volonté – La mort fait vendre !
En effet, je suis un homme d'âge mûr maintenant, qui a été à jamais changé par 7 années de galère dans la crainte de la mort. En outre, ce qui est intéressant, c'est le stéréotype que la société met sur tous les condamnés à mort. Ne demandez pas ce que j'ai fait (j'ai couru) mais regardez plus loin - Ai-je tué à nouveau ? Commis un meurtre ? Non, non, et je n'ai blessé personne, uniquement moi-même. Comme je me le disais alors que je dormais les pieds entravés, sans matelas, sans vêtements ni couvertures, sans rien. Ça ridiculise un peu l’affirmation du Texas selon laquelle je serais une menace pour la société. Ce ne semble pas être le cas ici - en tenant compte de tous les faits (pas de la version partiale, pour la peine de mort, des médias). Il est clair que l'instinct de survie de la nature humaine - la forte volonté de vivre m'avait saisi. La volonté de renverser le système et m’affirmer. De toute évidence, notre mort fait vendre, la société journalistique qui glorifie le crime, m’a présenté dans la pire lumière, comme un homme qui recherchait la vengeance, ce qui a fait la première page pendant une semaine d'affilée, toujours sur les chaînes d’information, 24 heures sur 24.
Est-il surprenant pour le public que mes soutiens, amis et famille – tous ceux qui m’aiment et même les gens impliqués de loin dans ma vie disent la même chose - Ce n'est pas l'homme que nous connaissons aujourd'hui.
Aujourd'hui, j'ai souri quand un gardien âgé m'a dit qu’aucune de ses amies n’avait peur alors que j'étais le sujet de conversation à l'institut de beauté du coin à Livingston. Dans les cas comme le mien - crime passionnel – il s’avère qu’il n’y a qu’un délit commis dans une vie. 99% des meurtriers ne récidivent pas. Des flics, des gardiens, des ministres et des gens que je ne connais même pas me disent qu'ils souhaitent que je sorte de suite, que je n’ai rien à faire dans le couloir de la mort. Oui, je peux honnêtement dire que j'ai changé – mon évasion même m'a changé. Elle m'a montré exactement ce qui me manque là dehors et je vais juste me secouer encore plus maintenant et tout transformer en motivation positive pour continuer à combattre le bon combat.
Enfin, je tiens à revenir sur les propos tendancieux faits au sujet de mon manque de remords et d'émotion lors de mon procès. Lorsque votre avocat vous dit « Vous serez condamné à mort si vous venez à la barre » l'aspect juridique entre en jeu - d'autres faits, le fait que j'avais été dans le couloir de la mort et que « tout serait révélé au jury si je venais à la barre ». Croyez-moi, j’ai le cœur lourd et suis accablé de tristesse pour mes mauvaises actions passées. Ce n'est pas le reflet de l'homme que je suis aujourd'hui - le jury n'a rien appris sur moi - tout ce qu'ils ont entendu était de mauvaises choses que j'ai faites jusqu'en 1998. Notre système juridique est un peu comme une épée à double tranchant. Elle peut couper dans les deux sens - et être utilisée contre les pauvres âmes qui vivent et meurent par l'épée du système de justice du Texas.
À vous qui lisez et écoutez, je veux juste faire une demande : impliquez-vous - ouvrez les yeux sur ce qui se passe réellement. Une personne peut faire la différence, changer les choses - je vous invite instamment à adopter un prisonnier – à faire la différence dans la vie d'une femme ou d'un homme condamné- Je vous l’assure…
Notre système de justice n'est pas juste. Aujourd'hui, la justice a les yeux bandés! Est-ce que la société continuera ainsi ?
En lutte,
Chuck Thomson. Couloir de la mort, Texas.